ourdissage

Deux façons d’ourdir une chaîne

L’ourdissage direct ou sectionnel : L’utilisation d’un cantre ou d’une planche à bobines est nécessaire. La chaîne s’enroule section par section sur l’ensouple arrière.

L’ourdissage indirect : L’utilisation d’un ourdissoir est nécessaire (cadre ou rotatif). La chaîne est d’abord constituée sur l’ourdissoir à l’extérieur du métier, puis posée dans un second temps sur le métier.

Projet en Ceinture de Moine

IMG_1234Cela fait bien longtemps que je souhaitais me lancer dans un projet autour de la Ceinture de Moine, armure sur fond toile, avec de longs flottés. Voilà qui est fait !

Ourdissage sectionnel, comme d’habitude car, pour le moment, je ne sais faire que cela. C’est selon moi une méthode d’ourdissage très facile à mettre en oeuvre avec un peu de matériel (bobines, cantre ou planche à bobines, peigne d’encroix, et dans l’idéal une boite de tension).

Le tissage proprement dit se réalise à l’aide de deux navettes ; une pour le fil de liaison avec l’armure toile, et une pour le fil de patron qui va dessiner le motif.

Il est impératif de poser des lisières flottantes qui permettront d’avoir une régularité parfaite des bords du tissage.

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Montage d’une nouvelle chaîne sur le métier… (suite et fin)

20140126_225129Le projet, cette fois-ci, est tiré du livre de Alderman « Mastering Weave Structures ». Il s’agit d’un sergé, composé de trois couleurs (2 pour la chaîne, rouge et violet, et 1 pour la trame, bleu marine). L’enfilage se fait sur 8 cadres. Les 4 premiers cadres reçoivent les 16 fils rouge, et les 4 derniers cadres les 16 fils violet, en enfilage suivi (1-2-3-4-1-2-3-4…).

IMG_0304J’utilise un peigne d’encroix afin de bien séparer les fils pairs et les fils impairs. Cet encroix est indispensable pour la suite des opérations. Il permettra de bien distinguer chaque fil sans les mélanger lors de l’enfilage dans les lisses. L’encroix est d’abord fait avec deux fils de couleurs différentes, distinctes de la couleur de la chaîne. Ces deux fils seront ensuite remplacés par les baguettes d’encroix qui, elles, nous serviront à approcher la chaîne en une seule fois, derrière les cadres, à hauteur des lisses, pour permettre l’enfilage. Ces baguettes seront ensuite très utiles pour bien organiser les fils arrivant derrière le harnais lors du tissage.

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IMG_0309L’enfilage doit s’effectuer avec une grande concentration, en repérant bien chaque fil, l’ordre dans lequel les fils sont distribués via les baguettes d’encroix. Il faut vérifier régulièrement qu’il n’y a pas d’erreurs d’enfilage. Sur ce projet, je travaille 4 fils par 4 fils, et je vérifie à chaque fois l’avancée du travail.

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Je commence toujours l’enfilage par le centre, en partant soit sur la gauche, soit sur la droite. Ainsi, la chaîne sera bien équilibrée et centrée sur le métier. Il faut être attentif à ne pas passer le fil hors de l’oeilleton de la lisse.

IMG_0323Lorsque l’enfilage dans les lisses est terminé, on passe au piquage au peigne, en partant, là aussi du centre et en passant chaque fil dans une dent. On peut, selon les projets, passer 2 fils par dent (mais pas beaucoup plus). Attention de bien prendre les bons fils, dans le bon ordre. Faire attention de ne pas croiser les fils derrière le peigne.

Lorsque les mèches sont passées dans le peigne, on les noue à intervalles réguliers afin de garantir leur maintien devant le peigne. En effet, un coup malencontreux dans le battant du peigne peut faire sortir les fils et alors tout est à recommencer.

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Enfin, la dernière action est l’attachage des mèches sur la barre de fixation de l’ensouple avant. L’important est de tendre l’ensemble des mèches de façon régulière. C’est avant tout une question de doigté et de sensation.

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Nouveau Projet….

Nouveau projet avec du fil de coton pour la chaîne et de la laine en trame.

IMG_9840La mise en place de la chaîne se fait en sectionnel, avec une planche à bobines (par mèches de 10 fils pour ce projet).

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Le peigne d’encroix me permet de bien partager les fils pairs et impairs. L’encroix me sera très utile pour amener la chaîne à l’arrière des cadres, juste avant l’enfilage, et facilite grandement cet enfilage par un repérage précis de chaque fil.

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Enfilage dans les lisses, que l’on nomme aussi rentrage ou remettage. Concentration indispensable. J’utilise, cette fois, 4 cadres. Il s’agit donc d’y aller méthodiquement, 4 fils par 4 fils, en partant du centre vers la droite, puis du centre vers la gauche.

Puis c’est le piquage au peigne. Là encore, il faut se concentrer afin de bien rentrer chaque fil dans la dent correspondante.IMG_9863IMG_9872

La chaîne est en place

2013 - 011Remettage dans les lisses, piquage au peigne… puis fixation de la chaîne sur l’ensouple avant.

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Chaque mèche est fixée à l’aide d’un noeud double. Le point délicat de cette opération est la tension régulière des fils. C’est une question de feeling, de toucher des fils.

Lorsque l’on utilise différents types de matières de fils, il faut vraiment soigner cette tension, afin d’éviter les soucis lors du passage de la trame.

Et lorsque toutes les mèches sont fixées sur la barre d’attachage de l’ensouple avant, on contemple avec plaisir le métier à tisser « habillé » de sa nappe de fils. La prochaine étape sera l’attachage des pédales. Et puis le tissage proprement dit pourra alors commencer.2013 - 033

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Rentrage dans les lisses et piquage au peigne

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Nouvelles étapes d’installation de la chaîne sur le métier : le rentrage (ou remettage) dans les lisses et le piquage au peigne. Opérations délicates qui demandent de l’attention et de la concentration, surtout lorsqu’il s’agit de répartir les fils sur 8 cadres.

J’utilise la même passette pour les deux étapes (lisses et peigne).

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Pour être à l’aise durant ces deux étapes, il faut démonter la poitrinière avant et le battant du peigne. Il est alors possible de se placer à l’intérieur du métier, même d’y mettre une chaise qui permet d’être dans une position la plus confortable possible (en la circonstance !)

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Le piquage au peigne est relativement simple à réaliser. Encore faut-il bien suivre l’ordre de l’enfilage dans les fils et de bien veiller à ne pas croiser les fils à l’arrière du peigne.

Pour ces deux étapes, je pars du centre des cadres et du peigne, et je répartis les fils de part et d’autre.

« L’encroix » et la bannière

Je me demandais si l’encroix allait m’être utile lors de l’ourdissage de la chaîne. Et bien je vous confirme que oui. Sans ces baguettes d’encroix qui me visualisent correctement un fil sur deux, jamais je ne me serai sorti de l’opération d’enfilage dans les lisses.

2012 - 1108En plus, ces deux baguettes m’ont permis de rapprocher la chaîne en une seule fois au plus près des cadres, manoeuvre indispensable pour entamer l’enfilage dans les lisses. J’ai maintenu fermement ces deux baguettes depuis l’ensouple arrière, entraînant ainsi l’ensemble de la chaîne et je les ai suspendues à deux ficelles accrochées à bonne hauteur.

Ma chaîne se trouve ainsi à bonne distance des cadres pour l’enfilage.

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Ourdissage Phase 1

C’est parti pour l’ourdissage de la chaîne !

2012 - 1076J’ai d’abord rempli mes bobines, nombre de bobines par couleur déterminé par la répartition de ces couleurs. Le jaune est un coton, le blanc du lin, et le chiné beige un coton retordu avec un fil fin de lin. Espérons que tout cela se mariera bien ensemble, à la fois dans le résultat esthétique et dans la mise en place de la chaîne.

J’ai installé un petit peigne d’encroix à 2012 - 1082l’arrière du métier qui me sert à bien séparer les fils.  Je tire 10 fils depuis mes bobines (placées à l’avant du métier sur la planche) et je les passe dans ce petit peigne.

Puis j’attache chaque mèche à la barre d’ensouple arrière, et je compte le nombre de tours nécessaires pour obtenir la bonne longueur de chaîne. Au total, pour le projet en cours, il me faudra répéter l’opération une quarantaine de fois pour avoir ma chaîne complète.

Sur les conseils de DIGOUT/Le tissage en 10 leçons (Hachette), je pose sur chaque mèche, un fil d’encroix qui sera remplacé, à un moment donné, par les baguettes d’encroix. Je ne suis pas certain que cette opération me serve à quelque chose. A voir à l’usage !

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Une bible du tissage

Dans les années 70, Pierre RYALL, tisserand installé un temps à Cordes sur Ciel, dans la région d’Albi, et à Amboise en Touraine, et Françoise, son épouse, également tisserande, ont écrit un livre en 2 tomes absolument exceptionnel, que tout tisserand devrait posséder dans sa bibliothèque.

RyallLe premier tome traite sommairement de l’histoire du tissage, puis des outils, et des techniques pour tisser, des différentes armures. Il aborde également le filage et la teinture végétale. Enfin, il s’interroge sur la position du tisserand artisan dans la société, et sa faculté à vivre de son métier (nous sommes en 1970).

Le second tome est exceptionnel par la richesse de son contenu. RYALL nous explique comment analyser un tissu et nous propose des centaines d’enfilages avec croquis (brefs) pour le rendu, en fonction du pédalage choisi. Il nous propose ces enfilages sur 3 à 12 cadres. Vous n’y trouverez pas de couleurs. A vous de faire travailler votre imagination. Il aborde également des techniques plus avancées comme le double tissage et  nous explique très clairement le principe des métiers à contremarches.

Ces deux ouvrages sont aujourd’hui épuisés, bien sûr. Mais il est assez facile de les trouver d’occasion, tant leur succès à l’époque avait engendré de nombreuses ventes auprès de la communauté des tisserands, plus nombreux qu’aujourd’hui.

RYALL a choisi la technique de l’ourdissage sectionnel. Vous ne trouverez donc pas, dans ces ouvrages, la technique de l’ourdissoir indépendant (juste abordé rapidement). De mon côté, l’ouvrage de RYALL a été une révélation dans le domaine du tissage. Ces façons de faire, je les ai pour partie adoptées, et souvent aussi adaptées, en mixant d’autres approches techniques qui me semblaient plus simples pour l’amateur que je suis. L’ouvrage de DIGOUT/Le tissage en 10 leçons (Hachette 1978) m’a, par exemple, permis de compléter certaines approches au niveau de l’ourdissage. Cela dit, les deux tomes de RYALL sont une bible pour le tisserand, d’hier et d’aujourd’hui.